Jazz
Le monde à ses débuts s'appelait Jazz.
Et le hasard était une boîte à musique,
quand l'Afrique faisait vibrer les Amériques.
La nuit toutes les femmes étaient noires.
(Certaines rayonnaient comme des soleils)
Et nous nous brûlions à tous les artifices,
courant dans les rues nègres et bavardes.
Le monde alors ne s'appelait pas encore planète.
Et le saxophone ressuscitait les dieux cachés,
« Welcome » disions-nous, dans toutes les langues.
Les mots étaient nos notes d’ivresse.
(Nos vers trinquaient tard dans la nuit)
Et nos instruments criaient leurs faims,
de quoi? De montrer ce que nous étions.
C'était le jeu, la danse des mondes
qui tournoyaient autour de nos cris. Et la vie
avait alors son théâtre, et son être pour scène.