Babel XXV - théâtre -

Publié le par Chris

(voir les anciennes esquisses de théâtre sur Babel)

 

 

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Deux hommes transportent avec difficuté une énorme pierre d'un côté à l'autre de la scène, puis la pose sur deux autres pierres verticales. Il s'arrête pour s'asseoir d'un côté chacun de cette pierre horizontale. Y se fume une cigarette, X joue avec des petits cailloux et les lances sur la pierre du milieu. Z rentrera pour poser des pierres sur la grande pierre posée horizontalement pour formé un amoncellement plus ou moins instable. Il fera cela de temps à autre, s'il en a envie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

noir, début de la scène

 

X - Pfffioouu, j'en ai marre.

Y - Moi aussi, je n'ai plus de dos. Et puis cela ne sert à rien.

X - Tu as raison, mais bon, j'ai l'impression que rien n'a plus de sens. Non. En fait, rien n'a jamais eu de sens.

Y - Pourtant tu y croyais avant, non?

X - Evidemment ! Tout le monde y croyait. A part deux ou trois poêtes ou illuminés, mais on y croyait sans se poser vraiment la question " ...

Y - D'accord, j'ai compris.

X - Mais bon, on étais tous aveugle, et maintenant on pousse des cailloux à longueur de journée.

 

mouvement de rage de X, Y le regarde.

Silence

X regarde Y, Y ne dit rien, un temps

 

Y - Tu penses qu'y croire c'était mal?

X - Oui ... ca veut direquoi cette question?

Y - Je ne sais pas, j'ai froid, je suis perdu.

X - Réponds mon vieux.

un temps

Y - J'étais bien avant. Le soir, je rentrais chez moi et je m'asseais dans mon fauteuil près de la cheminée. Voila, j'étais bien. Tu avais une femme toi avant?

X - oui, j'avais une femme.

Y - Moi aussi, et j'étais bien avec elle. Je savais que ca se fissurait de tout part, que ca branlais ici et là. Mais bon...

X - Mais bon... mais bon quoi?

Y - Tu sais, je n'étais pas con à l'époque, j'étais un professeur à l'université.

X - Je n'y suis jamais allé.

Y - Bref, j'avais appris, et à moitié deviné, que notre savoir était pourri, s'éffondrait au fur et à mesure, et qu'un jour tout craquerait. Mais temps que ca se tenait, on vivait en paix. Tu vois?

X - ...

Y - Et puis reconstruire au fur et à mesure, ca nous occupait, on avait un but, on était en paix. J'avais beau réfléchir, je ne trouvais rien d'autre à faire pour changer tout cela. Les hommes resteraient toujours des hommes.

X - Tu as laissé faire alors ?

Y - C'est ce que j'ai trouvé le plus sensé à faire. Les gens, la majorité, avaient l'air heureux. Toute cette société, ces vies, notre culture et nos loisirs. Si je parlais tout cela se transformeraient en cendres.

X - Comme maintenant !

Y - Tu en airai été capable toi? De se lever de sa chaise et d'annoncer froidement aux personnes t'écoutant que tout ce qu'ils faisaient était voué à tomber en ruine. Tu aurais pu?

X - Je ne sais pas, je n'étais pas à ta place.

 

un temps

 

Y - J'ai froid ...

X - Si on est est en haut des tours et que l'on ferme les fenêtres pour ne pas sentir le vent, à qui servent les grands horizons que l'on a?

Y - Je ne sais pas, j'ai envie de me blottir dans un terrier maintenant.

X - Va te cacher, je vais reprendre le boulot moi.

 

X sort, la pierre horizontale s'effondre, Y la regarde fixement.

 

Noir, fin de la scène.

 

 

 

 

 

Publié dans Babel - brouillons-

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