Réminiscences d'enfances soudaines

Publié le par Chris


         Les toîts de Strasbourg sont tout colorés, et la pointe de la cathédrale de cette ville est si fine, si haute, que petit, je ne comprenais pas comment les nuages ne la cassaient pas. Quand on est petit, on voit pourtant les pavés de la place de la cathédrale aussi grand que les nuages dans le ciel. Entre les deux, il y a mon père et ma mère. Déjà, ils ont l'air heureux. Ils se sont mis sur leur 31 et me l'ont fait enfilé aussi. C'est ce qu'il me raconte moi je me souviens de presque rien. Il y avait au plafond une nuée de cierges, comme si leurs petites flammes donnaient un immense ballet entre les fins piliers gothiques de la cathédrale. A cet âge là, je ne savais pas ce que c'était le gothique, ni les cierges d'ailleurs. Vous avez donc deviner que ce n'est plus un enfant qui parle, et pourtant.
           Je m'aggripais à ma mêre parait-il, pendant que mon père, de sa grande voix large et puissante chantait. Un petit homme me prit alors des bras de ma mêre, me regarda d'un oeil pétillant et dit :
" Christophe, je te baptise, soit des nôtres"
et plouf

le pauvre s'il avait su. Il aurait rit encore plus je crois.

environ 10 ans plus tard...

         Il est 20 heures, et les nuages sont d'un jaune d'ocre poussière. Enfin la voiture s'arrête, crachant la poussière de la piste. La nuit est déjà tombé et la lune se penche sur le côté, comme ivre. La famille descend, la place du village n'est plus très loin, mais déjà des visages et des corps noirs s'approchent de nous lentement. Leurs dents brillent comme des fantomes. On nous accueille. Nous sommes invités, oui les bagages vont suivre, nous les porterons, non, nous n'avons pas faim, oui le voyage s'est bien passé. Mon père parle lentment, avec le sourire. Il parle très bien le dioula, et cela les étonnes. Pour eux, c'est le chef de la famille, il décide. Pour moi, c'est mon père. Ma mère rassure ma petite soeur. Un couple de blanc, qui parle dioula, qui marche à l'africaine, qui est calme et serein, ça se remarque dans une église. C'est la messe de noël qui se finit. On éteint les ventilateurs sur les piliers, les musiciens rangent leurs atabaks et leurs djembés.
             Le prêtre s'avance prêt de moi, je le reconnais avec peine. Il est bronzé, presque brûlé de partout, ses cheveux filaces sont devenus blancs et son sourire est toujours aussi large.
" Quel grand garçon tu es devenu, Christophe, êtes-tu content de venir en Afrique?"
et pan il m'offre une bière

le pauvre s'il avait su. Il m'en aurait offert deux je crois.

environ 10 minutes de maintenant...

          La chapelle est rempli d'ombre. Mais sa fraicheur est intacte et la chaleur semble s'être arrêtée à la porte. les bruits de la rue lyonnaise ne lui viennent que confusément. Placée au coeur du grand ensemble de bâtiment, la chapelle est modeste, mais ombragée et tranquille. Plus que la foi, c'est cela qu'il est venu trouvé; de la fraicheur pour ses révisions. Il ne sait pas si l'esprit saint passe par ici, mais le réseau oui, alors pourquoi pas. L'été à lyon, est une aiguille pour collectionneur de papillon, dès 13h, il faut se cacher pour l'après-midi. L'étudiant, essaye vainement de marquer dans sa tête une liste de mot latin, cela lui semble absurde, mais comme il a un examen demain, il essaye, pas vraiment convaincu. La chapelle est vide, et la lumière ne filtre que des petits vitraux et de la porte entrouverte, mais c'est suffisant pour lire. Il est assis en tailleur prêt de l'entrée, à même le sol, il est au frais.
         Un pêre entre et la porte grince. L'étudiant lui jette un coup d'oeil et il le reconnait, ce petit homme, au crane dégarni et aux profondes lunettes. Lui, ne le reconnaissant pas, lui souhaite bonjour poliment. "Michel, tu ne me reconnais pas? Le fils de jean Yves et le petit-fils de Louis? " Mouvement de stupeur, puis sourire ravi et plein de souvenirs. Il me salue vraiment, et viens s'asseoir à mes côtés.
" Hé bien Christophe, cela fait longtemps, qu'es-tu devenu?"

le pauvre s'il savait.  Il serait encore plus étonné je crois.
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P
non, franchement, ça c'est beau, je lisrelisrerelisetencore... ça c'est beau...
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