Le souffle du voyage

Publié le par Chris



C’est un souffle qui traverse les pays et les âges,

Survenant comme un vieil ami, là où on ne l’attend pas.

C’est un appel sans fausse promesse, qui n’offre que ce qu’il a.

C’est un cri sourd dans la nuit, c’est un feu qui brûle le cœur ;

 

Partir

 

Dans une taverne de saint Malot, un vieux marin fait danser la fumée de sa pipe dans les limbes dorés du plafond. Avec ses vieux camarades de pèches, ils parlent de chimères, de corsaires et de morts. La taverne est bondée, et le sol craque de toutes se planches à tout moment, derrière le bar, l’odeur de friture se fait sentir jusqu’aux tables où ils sont accoudés. Le brouhaha des clients couvre les questions de la serveuse et le lent balancement musical de l’accordéon.

 Un enfant s’est perché sur deux vieux tonneaux, dans un coin de la salle. D’ici il entend la conversation des vieux marins. Un seul l’a vu, et il sourit dans sa barbe en tirant une bouffée. Il raconte ses aventures sur les mers, ses îles étranges où les hommes vivent nus et se mélangent dans la chaleur de leurs corps.

«  Je connais des bateaux qui s’en vont deux par deux

affronter le gros temps quand l’orage est sur eux »

Chante l’air. Les yeux qui brillent, l’enfant se le promet, lui aussi voyagera vers ses terres inconnues. Il sera marin, pour partir de sa Bretagne natale et aller explorer les mers. Il sent déjà sur sa nuque le souffle des voiles tendues vers l’horizon.

 

            Et le souffle passe et virevolte entre siècles, pour emmener avec lui, d’autres hommes, vers d’autres lieux. Avec cette soif toujours renouvelée d’Inconnu en chacun d’eux.

 

            Sur le pont Guillotière, un groupe de joyeux garçon reprennent un cœur la chanson. Ils ont bu, et sont joyeux d’avoir bu. Le ciel est clair et les étoiles percent l’atmosphère de Lyon vaillamment. Après quelques hésitations, ils rentrent dans la péniche, où l’un d’eux certifie qu’elle vient de saint Malot, on le voit au « SM » peint à l’arrière de la péniche. A 2 heures du matin, « La Passagère » est encore pleine à craquer, on y trouve des étudiants en fin de soirée, et d’autres plus âgés qui la commencent.

             Parmi ce groupe de joyeux drilles, se trouve un jeune étudiant, qui est venu là un peu par hasard, une connaissance d’une connaissance, et il ne sait plus très bien pourquoi il est là, mais les rires autour lui suffisent à être heureux.

« N’importe où pourvu que ce soit hors du monde »

Quelqu’un cite Baudelaire à la volée, le jeune étudiant, intrigué, entame la discussion avec lui. C’est un étudiant, lui aussi, mais qui est parti 6 mois, puis 11 mois et qui va repartir en Amérique latine dans une semaine. Il lui raconte son voyage, son amour découvert là-bas, les aventures vécues. Dans son regard on voit briller les souvenirs des favelas, de l’Amazonie, de sa rencontre avec Manu Chao. «  Si tu veux te casser, casse-toi. Tu n’es plus le même après, mais alors du tout ! » Dit-il plein de sincérité. L’étudiant l’écoute et sourit, déjà il rêve d’Ailleurs.

 

Le souffle passe et emporte avec lui les parfums des pays inconnus.

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